Effectuer une recherche efficace sur Internet, quand on a une question bien précise en tête, ça peut prendre du temps avec parfois des résultats… décevants. Alors, comment optimiser le temps passé à arpenter le web à la recherche d’une information ?
1 – Posons le sujet ! Pourquoi vouloir effectuer une recherche efficace sur Internet ?
3 – Passons à la pratique ! Méthode pour effectuer une recherche efficace sur Internet
Pourquoi vouloir effectuer une recherche efficace sur Internet ?
Le Père Magraine cherche à répondre au mieux à quelques questions à travers ses publications, mais soyons honnêtes, il n’a pas 4 bras (il n’en a pas du tout, en fait !), et il se peut qu’il mette trop de temps à votre goût pour traiter tel ou tel sujet qui vous intéresse. D’un autre côté, faire de la recherche sur Internet, ça prend un temps qu’on n’a pas forcément à disposition. Alors, comment faire quand on a besoin d’une réponse fiable rapidement ?
C’est une solution ! Mais avant d’y recourir…
Effectuer une recherche efficace sur Internet, ça mérite vraiment un tuto ?
La toute première chose à savoir, c’est que la recherche sur Internet, ce n’est pas quelque chose d’évident.
On n’en doute pas ! Mais malheureusement, cela peut ne pas être suffisant. Prenons un exemple, avez-vous une question à proposer ?
C’est un très bon exemple !
Voyons cela : quand on écrit la question dans un moteur de recherche “classique”, on trouve différents résultats, mais rares sont ceux qui présentent des sources fiables. Quand on y regarde bien, on a même des résultats… contradictoires :
- un site nous indique que l’association betterave / haricots est à privilégier.
- un autre site nous indique que l’association betterave / haricots à rames est au contraire à éviter.
En l’absence de sources (et d’explication !) dans chacun des deux articles, impossible de savoir qui a raison et qui se trompe. On le voit bien : si on s’arrête au premier article trouvé, on va ou pas, associer nos betteraves à nos haricots à rames, sur un critère qui se rapporte plus à l’aléatoire qu’à la raison.
Très ! Surtout quand on est engagé.e dans une démarche professionnelle et que l’échec de cultures peut être dommageable. La raison est simple : les moteurs de recherche “grand public” proposent indistinctement des bonnes et des moins bonnes sources. Puisque celles-ci sont hiérarchisées sur d’autres critères (nombre de visites de la page, occurrence des mots recherchés dans le texte etc), il est fort possible que votre réponse soit cachée dans les tréfonds du web, et que celles que vous trouviez en premier ne soient pas les plus fiables.
C’est l’objet de ce cours, alors…
Méthode pour effectuer une recherche efficace sur Internet
Ce qu’on a besoin de faire, en réalité, c’est un peu le travail d’un.e documentaliste scientifique : il s’agit d’être capable de mettre en lien rapidement une question, avec sa ou ses réponse(s), en maîtrisant une interface qui centralise et organise des informations. Dans une bibliothèque par exemple, l’interface est le système de rangement des ouvrages imprimés, mais il est la plupart du temps complété avec une interface numérique (incluant un moteur de recherche et/ou un annuaire).
C’est vrai, ça sonne très technique, et ça l’est un petit peu. Toutefois, l’idée n’est pas de vous donner une formation accélérée de documentation scientifique, mais bien de vous donner des clés et des outils faciles à utiliser !
1 – Bien définir ce que l’on cherche à savoir
C’est la première étape, et c’est sûrement celle qui va vous paraître la moins essentielle, alors que c’est celle qui va vous permettre le plus de gagner en temps et en efficacité !
Oui, mais il ne faut pas oublier que vous aurez affaire à une interface qui a un fonctionnement et un langage qui lui sont propres ! Ajoutons à cela que les contenus que cette interface propose sont écrits suivant certains codes.
1.1 – Identifier les disciplines scientifiques impliquées
Commençons par déterminer quelle discipline scientifique est la plus à même de répondre à notre question. Cela nous permettra de cadrer notre recherche. Pour faire ceci, on se base sur le « sujet ». Reprenons notre exemple : ”Peut-on cultiver ensemble les betteraves et les haricots à rames ?”. Ici, les betteraves et les haricots à rames sont des végétaux, notre sujet, c’est donc les végétaux !
Il faut ainsi que l’on fasse appel aux sciences qui étudient les végétaux. Mais comment savoir de quelle(s) science(s) il s’agit ? Voici une méthode simple : dans votre moteur de recherche favori, écrivez simplement « Science qui étudie [votre sujet] ».
Dans notre exemple, ça donnerait “science qui étudie les végétaux”. On trouve notamment deux réponses : la botanique, et la physiologie végétale. 
Il est conseillé de vérifier si ce qu’on trouve est correct en parcourant un peu les liens qu’on a obtenus (on pensera à regarder si la discipline n’est pas identifiée comme “pseudo-science”) !
1.2 – Identifier les concepts principaux des disciplines impliquées
Une fois qu’on a identifié le domaine qui est le plus à même de répondre à notre question, encore faut-il savoir comment il en parle ! Prenons notre exemple : nous parlons de “cultiver ensemble”. Dans l’article sur la physiologie végétale, on peut y lire que cette science s’intéresse “aux relations des végétaux avec leur environnement”. Les deux concepts sont proches ! Et comme un lien est proposé, on clique dessus ! Là, on tombe sur un paragraphe “relations biotiques (“avec le vivant”)” qui contient différents noms étranges… “symbiose”, “prédation”, “amensalisme”, “commensalisme”. En cliquant sur ces liens,
Oui, encore ! En cliquant sur ces liens donc, on apprend que :
- L’amensalisme est une interaction entre plusieurs être vivants dont l’issue est négative pour les uns, et neutre pour les autres.
- Le commensalisme est une interaction entre plusieurs êtres vivants dont l’issue est bénéfique pour tous.
En continuant nos lectures, dans l’article “Amensalisme”, on trouve le terme d’allélopathie : ils s’agit des interactions positives ou négatives d’une plante sur son environnement ! Et voilà, on connait maintenant les concepts qui traversent notre question !
Maintenant, nous pouvons reformuler notre question ! Laitue ?
Pas de panique ! C’est effectivement quelque chose comme ça !
2 – Traduire sa question
2.1 – Traduire sa question en langage “moteur de recherche”
On l’a vu au début du cours : les moteurs de recherche classiques ont du mal à proposer en premier du contenu fiable et c’est cela que l’on cherche à corriger. Pour y parvenir, nous allons utiliser des moteurs de recherche dits “spécialisés”. Sous ce nom barbare se cachent des moteurs de recherches qui compilent les recherches scientifiques. Mais avant d’en utiliser un, il va falloir traduire notre question en “mots-clés” : si les moteurs de recherche classiques ont fait des efforts pour “comprendre” la syntaxe humaine, ce n’est pas vraiment le cas pour les moteurs spécialisés. Mais c’est simple : il suffit d’extraire les “mots importants” de la question (on ne retiendra pas les pronoms par exemple).
Pour notre exemple, on peut en extraire 3 : “allélopathie”, “betterave” et “haricot à rames”.
Dans notre cas, si on se rappelle que l’allélopathie c’est l’ensemble des d’interactions d’UNE plante vis à vis de son environnement, on se rend compte qu’on a en fait deux groupes de mots-clés : “allélopathie” + “betterave” d’un côté et “allélopathie” + “haricot à rames”. Lorsque nous devrons réaliser ces deux recherches, on trouvera ainsi si la betterave a un effet positif ou négatif sur le haricot à rames ET si le haricot à rames a un effet positif ou négatif sur la betterave. Pour le dire autrement, la question sera entièrement couverte !
2.2 – Traduire ses mots-clés en langage scientifique
Il faut savoir que la langue universelle en sciences est l’anglais. Il existe de nombreuses études scientifiques écrites en français, mais leur nombre n’a rien de comparable à la masse d’études réalisées en anglais. Autant dire que se contenter de la langue de Molière, c’est diminuer drastiquement nos chances de trouver une réponse.
Ne vous inquiétez pas : il existe des outils sur Internet pour nous aider ! On peut par exemple utiliser un dictionnaire (comme le Wiktionnaire) ou un traducteur en ligne pour traduire nos mots-clés.
Pour nous, “allélopathie” se traduit simplement “allelopathy”.
C’est un peu particulier, “betterave” se traduit “beetroot” et “haricot à rames” se traduit “climbing french bean”. Cependant, quand on parle du vivant en sciences… on utilise plutôt le latin.
En fait, si ! Contrairement aux noms “communs”, les noms latins sont strictement liés à une seule espèce ou variété. Il n’est pas rare que le langage commun ai donné différents noms à une même plante, ou qu’il ai donné le même nom à plusieurs plantes, que ça soit en français ou en anglais ! Donc, si votre recherche porte sur une espèce, une variété animale ou végétale, il vous suffit d’écrire dans un moteur de recherche classique “nom latin de + le nom commun”.
Dans notre exemple, ça donne “nom latin de la betterave” et “nom latin du haricot à rames”. On trouve “Beta vulgaris subsp. vulgaris” pour la betterave et “Phaseolus vulgaris” pour le haricot à rames.
Oui, promis !
3 – Mener la recherche
On entre enfin dans le vif du sujet ! On vous présente BASE (pour “Bielefeld Academic Search Engine”) : il s’agit d’un moteur de recherche spécialisé “généraliste” (il contient une large base de données issues de toutes les disciplines scientifiques, une des plus fournies au monde). Il est libre, paramétrable en français (bien qu’il vous faudra tout de même faire vos recherches en anglais !) et propose tout un tas d’options (mais nous ne les traiterons pas ici).
Il en existe d’autres, comme OAlster ou Google Scholar (ce dernier n’est pas libre et il lui arrive de présenter des articles de pseudo-science dans ses résultats), mais nous utiliserons BASE pour la suite du cours !
Pour l’utiliser, il vous suffit d’écrire vos mots-clés !
Plusieurs cas vont se présenter à vous :
- Vous ne trouvez pas d’articles pour votre recherche : c’est possible. Dans ce cas, si on veut être très rigoureux, on peut essayer d’effectuer la recherche dans d’autres moteurs spécialisés, dans d’autres langues (en français par exemple, mais en gardant en tête qu’il n’y a que peu de chance de trouver des résultats qui n’existent pas en anglais), ou encore avec d’autres termes. Enfin, plus important, on peut retourner voir du côté des concepts identifiés pour en trouver des plus ou moins précis qui pourraient faire l’objet d’une nouvelle recherche. Si cela ne donne toujours rien, alors peut⁻être que le sujet n’est pas étudié, et peut-être aussi que cela signifie que « le sujet n’existe pas ». A minima, on peut constater l’absence d’informations fiables sur le sujet.
- Vous trouvez des articles : c’est bon signe, mais cela ne garantit pas la réussite de la recherche ! En traduisant les titres qui contiennent les mots-clés avec un traducteur en ligne, on peut distinguer les articles qui sont en relation avec notre question, de ceux qui ne le sont pas.
- Vous trouvez uniquement des articles qui ne sont pas pertinents : c’est ce qui se passe avec notre recherche « allelopathy beta vulgaris subsp. vulgaris ». On ne trouve qu’un article, mais en cliquant dessus et en le parcourant, on comprend que l’article parle de la blette (Beta vulgaris var. cicla), et pas de la betterave (Beta vulgaris subsp. vulgaris). Dans ce cas, vous pouvez suivre la même méthode que dans le cas où vous ne trouvez pas d’articles (c’est tout comme, en fait !).
- Vous trouvez des articles potentiellement intéressants : super ! En cliquant sur les liens d’articles scientifiques, on arrive souvent sur une page qui ne contient qu’un « Abstract ». Il s’agit du résumé de la publication. Il est la plupart du temps en anglais, et dans un langage scientifique soutenu : pour rappel, ce genre de documents est à destination d’autres chercheur.e.s. Autant dire que les efforts de vulgarisation n’y sont pas, et c’est normal ! Souvent, les articles complets sont payants, mais le résumé est la plupart du temps suffisant : il présente l’objet de l’étude, mais aussi ses résultats globaux. Votre traducteur préféré vous sera d’une grande aide ! Et normalement à ce stade, vous devriez avoir extrait une ou plusieurs réponses !
- Vous trouvez des réponses similaires : ne vous posez plus questions ! Jusqu’à preuve du contraire, vous tenez votre réponse !
- Vous trouvez des réponses différentes : dans ce cas, une dernière étape s’impose. Il vous faut évaluer la fiabilité des sources que vous venez de trouver, pour savoir laquelle est la plus crédible !
Pas de panique : nous allons reprendre et terminer notre exemple ci-dessous !
Pour celles et ceux qui veulent la conclusion de notre recherche sans passer par les détails, la voici : prouver l’inexistence d’une information, c’est théoriquement impossible, mais à ce stade, on peut tout de même dire que des études existent, et qu’elles ne s’orientent pas vers un effet positif ou négatif de la betterave sur le haricot à rames et vice versa.
Pas forcément : d’abord, tout le monde n’est pas forcément autant au fait sur la fiabilité des informations que vous !
L’un des articles précise d’ailleurs que la liste d’association de plantes proposée a été réalisée sur la base d’observations. Le problème, c’est que la réussite d’une association ne dépend pas que de l’allélopathie, et ça peut expliquer les résultats contradictoires : il se peut très bien que des conditions extérieures non-prises en compte (comme une température ou une humidité adéquate pour la betterave mais pas pour le haricot) donnent l’impression d’une incompatibilité de culture et viennent fausser les résultats. L’observation simple, sans protocole d’observation stricte qui exclut les autres facteurs (ce sera l’objet d’un prochain cours !), n’est donc pas suffisante pour établir ce genre de vérité. Et en l’état, le moins qu’on puisse dire face à une contradiction, c’est qu’au moins un des deux auteurs n’a pas respecté de protocole d’observation stricte.
Pour les personnes qui auront pris le temps de parcourir ce loooong tuto, on vous a réservé une petite surprise !
Le joker “appeler un ami (documentaliste)”
On a fait ici le maximum pour vulgariser une méthode qui est en soi assez technique. Si jamais vous ne parvenez pas à la maîtriser, il existe des services sur Internet pour répondre directement à votre question ! C’est le cas par exemple du Guichet du Savoir, qui offre de répondre gratuitement en 72h maximum à votre question. Le Père Magraine, dans une moindre mesure, se plie aussi à cet exercice via sa page Facebook ou par contact mail.
Il y a un « mais » : la qualité et la rapidité de ces services dépend grandement de l’utilisation que l’on en fait : c’est pourquoi il faut vraiment les voir comme un “joker”, quand on a essayé d’abord soi-même sans résultat, et pas comme une solution miracle à utiliser dès qu’on a une question !
S’entraîner à effectuer une recherche efficace sur Internet
Les méthodes, c’est un peu comme tout le reste : au début, ça demande de gros efforts, mais plus on pratique, plus ça devient systématique et évident. En attendant que cela arrive, il faut pratiquer ! Pour vous y aider, on vous a préparé ce « poster pense-bête » que vous pouvez imprimer et afficher dans votre bureau (ou dans vos toilettes si vous préférez !).
Cliquez ici !
Partager ses recherches !
Vous l’aurez compris : chercher, c’est difficile et peu de personnes s’y frottent. Si vous avez effectué une recherche avec succès, n’hésitez pas à la partager, ici, ou ailleurs : vous permettrez à d’autres d’économiser le temps que vous avez passé à trouver la réponse à votre question !
Oui c’est bientôt fini ! Si vous avez des questions, des remarques, des critiques, ou si vous bloquez quelque part n’hésitez pas ! Nous les ajouterons ici !
- ÉDUCSOL, Rechercher sur Internet : méthodologie et outils [en ligne], Ministère de l’Éducation Nationale, 2018 [consulté le 27/05/2018], disponible sur : http://eduscol.education.fr/numerique/dossier/competences/rechercher/@@document_whole
- INFOSPHERE, Chercher dans les bases spécialisées [en ligne], Université du Québec à Montréal [consulté le 27/05/2018], disponible sur : http://www.infosphere.uqam.ca/rechercher-linformation/chercher-les-bases-specialisees
- INFOSPHERE, Établir sa stratégie de recherche [en ligne], Université du Québec à Montréal [consulté le 27/05/2018], disponible sur : http://www.infosphere.uqam.ca/rechercher-linformation/etablir-sa-strategie-recherche
- LAUTEURS G., Méthodologie de la recherche documentaire [en ligne], AERIS, 2006 [consulté le 27/05/2018], disponible sur : http://aeris.11vm-serv.net/cours/chercher/methodes.html
- LAUTEURS G., Préparer sa recherche [en ligne], AERIS, 2006 [consulté le 27/05/2018], disponible sur : http://aeris.11vm-serv.net/cours/chercher/preparer.html
- LOISIL J.-M., Recherche d’infos [en ligne], Université On Line [consulté le 27/05/2018], disponible sur : http://universite.online.fr/supports/recherche/index.htm
- SOYEZ F., Moteurs de recherche scientifiques : les alternatives à Google Scholar [en ligne], Techniques de l’ingénieur, 02/12/2014 [consulté le 27/05/2018], disponible sur : https://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/moteurs-de-recherche-scientifiques-les-alternatives-a-google-scholar-1621/
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BEN BELAÏD S., Les Carnets de Laitue Diante – Comment effectuer une recherche efficace sur Internet ? [en ligne], Chez le Père Magraine, 03/06/2018 [consulté le XX/XX/XXXX], disponible sur : https://chezleperemagraine.com/blog/laitue-diante-effectuer-une-recherche-efficace-sur-internet/
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