Notamment représentés par les forficules ou les perce-oreilles, qui sont les dermaptères et quelles sont leurs fonctions dans les écosystèmes ? Micro & Macro font le point !
1 – Micro-bio : Qui sont les dermaptères ?
2 – Au Microscope : Morphologie et cycle de vie des dermaptères
3 – Biocénose : Place des dermaptères dans le réseau trophique
4 – Macrorama : Fonctions écologiques des dermaptères
5 – Envie d’agir ? Cultiver avec les dermaptères / Favoriser la présence des dermaptères
Qui sont les dermaptères ?
Les dermaptères sont des insectes (arthropodes à 6 pattes) formant l’ordre du même nom (« Dermaptera« ). Celui-ci provient du grec « derma » qui signifie « peau » et de « ptera » qui signifie « aile » : leurs ailes, très membraneuses, ayant en effet la particularité de ressembler à de la peau humaine pelée (comme après un coup de soleil). Ils sont reconnaissables principalement par leurs pinces abdominales, appelées « cerques ».
Cet ordre comporte environ 1900 espèces, dont uniquement une trentaine en Europe et une vingtaine en France (la plupart vivant en milieu tropical). Dans leur grande majorité, les dermaptères sont présents dans les habitats humides et/ou crevassés (riches en micro-habitats), mais quelques exceptions sont notables, certaines espèces vivant sur les chauve-souris.
La plupart de ces espèces ont une activité nocturne et se déplacent peu en dehors de leur quête de nourriture. Leur taille est très variable, celle-ci pouvant aller de 7 mm à 5 cm.
De cet ordre, on connaît surtout les perce-oreilles (bien qu’ils ne s’intéressent pas du tout à nos oreilles, contrairement à ce que dit la légende qui veut qu’ils pondent leurs œufs dans les cerveaux humains (!) ), réputé bon « auxiliaire » au champ, et les forficules.
Histoire des dermaptères
On pense que les dermaptères sont les descendants des Protelytroptères, un ordre éteint, vivant il y a plus de 250 millions d’années, dont les représentants ressemblent davantage aux cafards et aux blattes modernes qu’aux dermaptères.
Morphologie des dermaptères
Comme tous les animaux de la classe des insectes, le corps des dermaptères est séparé en trois parties : la tête, le thorax et l’abdomen. De façon générale, leur corps est allongé et aplati (ce qui leur permet de rentrer dans de petites crevasses). On les différencie – notamment des staphylins – grâce à leurs cerques.
La tête des dermaptères porte des antennes filiforme d’au moins 10 segments, des pièces buccales broyeuses et des yeux composés.
Le thorax porte les 3 paires de pattes et les deux paires d’ailes : une paire d’ailes rigides appelées « élytres » sous laquelle la paire d’ailes membraneuses vient se ranger.
L’abdomen a la particularité de porter des cerques qui valent aux perce-oreilles leur surnom : ces « pinces » sont articulées et servent à capturer des proies, à la défense, mais aussi à ranger les ailes membraneuses. Elles servent également à l’identification du sexe des individus : les pinces des mâles sont généralement plus courbées que celles des femelles, qui sont plus droites.
Cycle de vie des dermaptères : la nutrition
Les dermaptères sont principalement détritivores (ils consomment charognes et plantes en début de décomposition ou très mûres), mais des espèces très répandues comme le perce-oreille commun, peuvent être omnivores et prédatrices de petits arthropodes comme les acariens, ou d’insectes, comme les pucerons ou les mouches. Ils peuvent également consommer des champignons, mais aussi les fleurs, fruits, racines et feuilles de certaines plantes.
Lorsqu’ils chassent, les dermaptères utilisent leurs cerques pour maintenir leurs proies.
Cycle de vie des dermaptères : la reproduction & le développement
Les dermaptères sont des insectes hémimétaboles, c’est-à-dire qu’ils subissent au cours de leur vie, une métamorphose incomplète en 3 étapes (œuf, nymphe, adulte, sans passer par le stade larvaire). Leur reproduction est sexuée et a lieu en automne et en hiver.
La très grande majorité des dermaptères sont ovipares (ils pondent des œufs), mais quelques espèces parasites sont vivipares (les jeunes naissent déjà formés, et sont nourris grâce à une espèce de placenta).
Il faut noter que la fertilisation est différée de la reproduction : ce n’est que plusieurs mois après l’accouplement que les œufs seront fécondés. Quelques jours plus tard, la femelle pond de 20 à 80 œufs, qu’elle veillera (fait rare chez les insectes non-sociaux) jusqu’à leur éclosion, 7 jours plus tard. Les nymphes restent un temps avec leur mère qui les nourrit. Elles passeront par 4 à 6 mues avant de devenir des adultes.
Place des dermaptères dans le réseau trophique
Fonctions écologiques des dermaptères
Recyclage de la nécromasse
Le comportement de charognards dont les dermaptères font preuve en font des décomposeurs importants. Leur capacité à se nourrir de végétaux en début de décomposition permet d’accélérer les successions végétales et contribue à limiter le développement des organismes phytopathogènes.
Lutte biologique contre les ravageurs potentiels
Prédateurs de ravageurs potentiels comme les pucerons, les chenilles, les acariens ou encore certaines mouches, les dermaptères sont considérés comme des moyens de biocontrôle à étudier de plus près.
Cultiver avec les dermaptères
On l’a vu : il arrive parfois que les dermaptères soient observés en train de consommer des matières végétales bien vivantes (dans le sud de la France par exemple, ils ont été vus en train de se nourrir de pêches ou d’abricots). Cependant, leur présence est rarement très dommageable : il faudrait que leur population soit considérable (et donc qu’ils entrent en compétition pour les charognes et les proies) pour poser de réels problèmes. On peut donc prévenir un pullulement en mesurant leur population et celles de leurs proies : avec ce Manuel Pratique-ci pour les plus petites espèces, et avec un prochain Manuel Pratique pour les plus grosses.
Favoriser la présence des dermaptères
Pour bénéficier de leurs services écologiques, on peut :
- multiplier les micro-habitats (couvertures de sol, tas de bois, pierres)
- installer des zones humides, comme des mares permanentes ou temporaires
- éviter l’utilisation de pesticides (de synthèse ou organiques) car les dermaptères peuvent y être directement sensibles ou encore être intoxiquées par la consommation de proies ou de charognes contaminées.
- BURTON M., BURTON R., International Wildlife Encyclopedia Volume 10, Marshall Cavendish Inc., 2002, 3168 p.
- Contributeurs de Wikipédia, Dermaptera [en ligne], Wikipédia, 23/08/2017 [consulté le 15/10/2018], disponible sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dermaptera
- Contributeurs de Wikipedia, Earwig [en ligne], Wikipedia, 20/07/2005, 14/10/2018 [consulté le 15/10/2018], disponible sur : https://en.wikipedia.org/wiki/Earwig
- MARTINEZ M., Dermaptera (perce-oreilles, forficules) [en ligne], INRA, 08/27/2013 [consulté le 15/10/2018], disponible sur : http://ephytia.inra.fr/fr/C/7516/Info-Insectes-DERMAPTERA
- McDONALD G., WEISS M. J., European earwig, Forficulat auricularia L. (Dermaptera: Forficulidae), as a predator of the redlegged earth mite, Halotydeus destructor (Tucker) (Acarina: Penthaleidae) [en ligne], Austral Entomology, 31/03/2007 [consulté le 15/10/2018], disponible sur : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1440-6055.1998.tb01569.x
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BEN BELAÏD S., Les Dossiers de Micro & Macro – Les Dermaptères [en ligne], Chez le Père Magraine, 20/10/2018 [consulté le XX/XX/XXXX], disponible sur : https://chezleperemagraine.com/blog/micro-macro-les-dermapteres/
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