Très répandus, ces petits coléoptères sont pourtant peu connus, malgré leurs multiples services rendus. Mais qui sont-ils, et quels sont leurs rôles dans les écosystèmes ? Micro & Macro font le point !
1 – Micro-bio : Qui sont les staphylins ?
2 – Au Microscope : Morphologie et cycle de vie des staphylins
3 – Biocénose : Place des staphylins dans le réseau trophique du sol
4 – Macrorama : Fonctions écologiques des staphylins
5 – Envie d’agir ? Favoriser la présence des staphylins
Qui sont les staphylins ?
Les staphylins sont des insectes (arthropodes à 6 pattes) faisant partie de l’ordre des coléoptères (qui possèdent deux paires d’ailes : une paire membraneuse pouvant servir au vol et une paire rigide servant de protection, les élytres). Ils y forment une famille, les staphylinidés, regroupant environ 63 000 espèces (dont 2000 en Europe).
La grande majorité des espèces de staphylins se retrouve dans la plupart des habitats terrestres (dans les litières des sols, sous les pierres etc). Dans les zones arides, leur répartition est limité aux micro-habitats humides. Certaines espèces vivent dans les fourmilières ou termitières qu’elles parasitent, d’autres vivent encore sur des mammifères qu’elles débarrassent de leurs puces.
La majorité des staphylins a une activité nocturne et ceux-ci présentent une grande diversité morphologique, leur taille pouvant varier de 1 mm à 4 cm.
On reconnaît certaines espèces, dont le staphylin noir, à leur façon particulière de se défendre : elles dressent leur abdomen flexible vers l’avant et projettent alors un liquide fécal odorant sur l’objet de leur crainte…
Histoire des staphylins
Les plus anciens fossiles de coléoptères ont été trouvés dans le Nord de la France et datent du Carbonifère, il y a plus de 300 millions d’années. La famille des staphylins est quant à elle représentée par des fossiles datant du Triassique (il y a 200 millions d’années) : les spécimens retrouvés sont très similaires aux staphylins d’aujourd’hui.
Morphologie des staphylins
Bien que leurs appendices puissent grandement varier en taille et en forme suivant leurs régimes et leurs habitats, tous les staphylins possèdent des caractéristiques morphologiques assez uniformes. Ainsi on retrouve :
- Une tête munie d’ocelles ou d’yeux composés (ou entaillés), d’une paire d’antennes et des pièces buccales de type broyeur
- Un thorax auquel sont reliées 3 paires de pattes, une paire d’ailes supérieures rigides (les élytres) et une paire d’ailes inférieures membraneuses
- Un abdomen qui porte des orifices respiratoires (les stigmates), les organes sexuels mâle ou femelle et l’anus
Pour les différencier, on peut retenir les caractères suivants :
- des élytres (ailes rigides) réduits laissant exposée une grande partie de leur corps (quand les élytres de la plupart des autres coléoptères en recouvrent une large partie)
- une musculature abdominale développée (rendant cette partie du corps très flexible)
- des antennes constituées de 11 segments, généralement filiformes mais qui peuvent se terminer par une forme de massue
- un corps généralement allongé ou ovoïdal
- la plupart des staphylins sont équipés d’ailes inférieures fonctionnelles : ils sont capables de voler.
Certains staphylins peuvent être confondus avec les dermaptères (ou « perce-oreilles ») : l’absence de pinces abdominales, caractéristiques des perce-oreilles, permet ainsi de les différencier.
Cycle de vie des staphylins : la nutrition
La majorité des staphylins (généralement ceux de grande taille) sont ce qu’on appelle des « prédateurs facultatifs » : ils chassent des insectes et d’autres invertébrés, mais peuvent se rabattre sur des matières en décomposition (animales ou végétales). Ce mode de nutrition est un avantage évolutif : la capacité de se nourrir d’autres choses que de proies permet, lorsque celles-ci se raréfient, de réduire la compétition entre individus et contribue ainsi à maintenir les populations.
Il existe dans cette famille des espèces (minoritaires) ayant d’autres types de régimes alimentaires :
- les détritivores (généralement les espèces les plus petites) : ils se nourrissent strictement de matières en décomposition (animales ou végétales) et d’excréments.
- les mycophages : ils se nourrissent de champignons.
- les phytophages : ils se nourrissent de parties de plantes (fleurs, feuilles etc).
- les parasites : ils parasitent des invertébrés, comme les pupes de certaines mouches.
Cycle de vie des staphylins : la reproduction
Les staphylins sont des insectes holométaboles, c’est-à-dire qu’ils subissent au cours de leur vie, une métamorphose complète en 4 étapes (œuf, larve, nymphe, adulte). Leur reproduction est sexuée et a lieu au printemps.
Les femelles pondent dans le sol. Une fois écloses, les larves vont muer entre 2 et 3 fois avant de devenir une nymphe, puis un imago (adulte).
Fonctions écologiques des staphylins
Régulation biologique des ravageurs
En tant que prédateurs de nombreux autres invertébrés, les staphylins participent activement au contrôle des populations d’espèces potentiellement ravageuses. Leur action est particulièrement intéressante dans la gestion des gastéropodes, des acariens et (pour les espèces parasites de staphylins) de certaines mouches. Les espèces généralistes (qui ne consomment pas qu’un type précis de proies) sont également très intéressantes dans la régulation biologique, la liste de leurs proies potentielles étant particulièrement longue !
Recyclage de la nécromasse
Au même titre que certaines de leur proies, les staphylins sont des agents importants du recyclage des matières mortes : excréments, cadavres ou matières végétales mortes sont ainsi éliminés et minéralisés. Leur consommation fait ainsi baisser les risques d’apparition et de développement d’organismes phytopathogènes (qui rendent les plantes malades), mais participe aussi à la fertilité chimique des sols.
Favoriser la présence des staphylins
- Laisser des bandes enherbées (tous les 140 m si l’on souhaite accueillir également des carabes) : cela constitue une zone refuge pour les adultes.
- Si possible, coupler les bandes enherbées à des haies pour améliorer la qualité de la zone refuge.
- Disposer des pierres et de petites bûches tout les 10 à 20 m pouvant servir de cachette pendant la journée.
- Éviter l’utilisation de pesticides (de synthèse ou organiques) car les staphylins peuvent y être directement sensibles ou encore être intoxiquées par la consommation de proies contaminées.
- Ne pas utiliser de pièges à limaces à base de bière car se sont aussi des pièges à staphylins !
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BEN BELAÏD S., Les Dossiers de Micro & Macro – Les Staphylinidés (ou staphylins) [en ligne], Chez le Père Magraine, 13/10/2018 [consulté le XX/XX/XXXX], disponible sur : https://chezleperemagraine.com/blog/micro-macro-les-staphylinides-staphylins/
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