Bien qu’ils ressemblent fortement aux araignées, les opilions occupent une place bien différente dans les fonctionnements naturels. Micro & Macro font le point !
1 – Micro-bio : Définition et histoire des opilions du sol et de la litière
2 – Au Microscope : Morphologie et cycle de vie des opilions du sol et de la litière
3 – Biocénose : Place des opilions du sol et de la litière dans le réseau trophique
4 – Macrorama : Fonctions écologiques des opilions du sol et de la litière
5 – Envie d’agir ? Favoriser la présence des opilions du sol et de la litière
Qui sont les opilions du sol et de la litière ?
Les opilions, aussi appelés “faucheux” (parce qu’on les aperçoit particulièrement lors des moissons), tirent leur nom du grec « opilio » signifiant « berger ». Il s’agit d’arthropodes pouvant mesurer d’1 mm à 185 mm.
Les opilions forment un ordre (celui des Opiliones) et font partie de la grande classe des Arachnides, au même titre que les araignées, acariens et autres scorpions. On dénombre aujourd’hui plus de 6500 espèces dans le monde.
On les retrouve dans tous les biotopes, à l’exception des milieux aquatiques et des régions polaires. Ils vivent sur le sol, dans les mousses, sous des feuilles mortes, sur des arbres, sous des pierres, dans des fissures et parfois dans les nids souterrains d’autres animaux.
Histoire des opilions du sol et de la litière
Ces arachnides font partie des plus vieux colonisateurs de la terre ferme : on a en effet retrouvé des fossiles datant du Dévonien (il y a 400 millions d’années) en Écosse. Tout comme les pseudoscorpions, les opilions retrouvés fossilisés sont étonnamment semblables à leur descendance moderne (ce qui tend à indiquer que les espèces ont eu peu besoin d’évoluer pour rester adaptées à leur environnement).
Morphologie des opilions du sol et de la litière
Le corps des opilions est la plupart du temps brun et de forme ovoïde (en forme d’œuf), mais on trouve une diversité étonnante de couleurs et de formes chez certaines espèces (en grande majorité tropicales).
Comme chez tous les Arachnides, les opilions possèdent 4 paires de pattes, une paire de chélicères et une paire de pédipalpes. On les confond souvent avec les araignées, mais leur morphologie diffère grandement de la leur : ils ne possèdent ni glandes à venin, ni glandes à soie et ne possèdent qu’une paire d’yeux (ou pas), surélevés sur une bosse dorsale appelée “ocularium”. En outre, leur abdomen est fusionné à leur céphalothorax (partie avant du corps, aussi appelée “prosome”).
La morphologie des opilions est intrinsèquement liée à leurs mécanismes et comportements de survie :
- leurs pattes se détachent facilement, ce qui leur permet d’échapper à leurs nombreux prédateurs.
- ils peuvent faire vibrer leur corps tout entier et produire des sons.
- ils peuvent raidir brutalement leur corps pour “faire le mort”.
- le corps de certaines espèces est similaire à l’avant et à l’arrière, ce qui perturbe les prédateurs.
- ils possèdent des glandes répugnatoires situées à l’avant du corps, qui sécrètent des composés nocifs (notamment des alcools et des alcaloïdes) pour repousser les prédateurs.
Le cycle de vie des opilions du sol et de la litière : la nutrition
Les opilions diffèrent également des araignées par leur régime alimentaire : ils sont omnivores opportunistes, c’est à dire qu’ils peuvent se contenter d’un large éventail de nourriture (ce qui s’explique en partie par leur morphologie, moins orientée vers la chasse que celle des araignées).
Ils tirent donc leur alimentation par divers moyens, comme la chasse de petites proies (bien que certains se soient spécialisés dans la chasse de proies plus grosses), mais également par la consommation de détritus (organismes végétaux ou animaux en décomposition etc).
Le cycle de vie des opilions du sol et de la litière : la reproduction
La reproduction sexuée interne est la plus répandue chez les opilions, mais certaines espèces constituées presque exclusivement de femelles ont recours à la parthénogenèse.
Les opilions étant des animaux solitaires, la reproduction sexuée nécessite une approche prudente de la femelle par le mâle, ainsi qu’une parade sexuelle. Au cours de celle-ci, le mâle fait vibrer son corps et dans certains cas, il dépose des sécrétions en « cadeau ».
La ponte s’effectue dans le sol la plupart du temps, mais elle peut avoir lieu plusieurs mois après la fécondation. Certains mâles défendent le territoire de ponte. Après une incubation de 3 semaines à 6 mois, les œufs éclosent. Contrairement à tous les autres Arachnides, les mâles peuvent s’occuper de la progéniture jusqu’à ce qu’elle soit indépendante.
Les jeunes opilions passent par 3 à 8 mues pour devenir adultes, et dans leurs habitats les plus froids, ils hivernent.
Place des opilions du sol et de la litière dans le réseau trophique
Fonctions écologiques des opilions du sol et de la litière
Des organismes régulateurs
Par la chasse qu’ils pratiquent, les opilions exercent une pression sur les populations potentiellement ravageuses comme les acariens. Ils contribuent ainsi à empêcher leur pullulement.
Recyclage de la nécromasse
Le comportement de charognards dont les opilions font preuve et leur capacité à se nourrir de détritus végétaux en font des décomposeurs importants, ce qui n’est pas le cas des araignées par exemple, qui ne se nourrissent que du produit de leur chasse.
Une source de nourriture appréciée
Les opilions ont de multiples prédateurs, ainsi, ils participent à attirer et maintenir leurs populations dans les écosystèmes. Ces prédateurs, ne consommant pas exclusivement les opilions, peuvent participer à leur tour à la régulation des populations potentiellement ravageuses.
Favoriser la présence des opilions du sol et de la litière
On trouvera difficilement des inconvénients à la présence des opilions. Bien qu’ils se soient particulièrement adaptés aux milieux anthropisés (influencés par l’être humain), certaines pratiques sont nécessaires pour leur offrir un milieu favorable :
- éviter le travail du sol : leur reproduction impliquant la ponte des œufs dans les premiers centimètres du sol, leur présence est fortement conditionnée à la non-perturbation des territoires de ponte.
- couvrir le sol : les opilions apprécient une certaine humidité et ont besoin de températures modérées. Ainsi, la couverture du sol est essentielle à leur installation.
- multiplier les cachettes : la couverture du sol peut déjà offrir un certain nombre de cachettes qui seront appréciées par les opilions, mais ils apprécient aussi les feuilles mortes, les écorces, les pierres etc.
- Contributeurs de Wikipédia, Opiliones [en ligne], Wikipédia, 28/01/2009, 24/07/2017 [consulté le 15/03/2018], disponible sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Opiliones
- DELFOSSE E., Catalogue des Opilions de France (Arachnida : Opiliones) – Métropole et Outremer [en ligne], Revue arachnologique, Revue arachnologique N°4, 06/2017 [consulté le 15/03/2018], disponible sur : http://asfra.fr/Site/Rev-Arachnologie/N4/REVARCH%20N-4_Delfosse%20E.%20-%20Catalogue%20des%20Opilions%20de%20France,%20M%C3%A9tropole%20et%20Outremer.pdf
- DELFOSSE E., Les opilions [en ligne], Insectes.org, Insectes N°177, 2015 [consulté le 15/03/2018], disponible sur : https://www7.inra.fr/opie-insectes/pdf/i177-delfosse.pdf
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BEN BELAÏD S., Les Dossiers de Micro & Macro – Les opilions du sol et de la litière[en ligne], Chez le Père Magraine, 24/03/2018 [consulté le XX/XX/XXXX], disponible sur : https://chezleperemagraine.com/blog/micro-macro-opilions-du-sol/
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