Si petits qu’on les oublierait presque, les pseudoscorpions n’en sont pas moins des acteurs du sol à connaître : Micro & Macro font le point !
1 – Micro-bio : Définition et histoire des pseudoscorpions du sol
2 – Au Microscope : Morphologie et cycle de vie des pseudoscorpions du sol
3 – Biocénose : Place des pseudoscorpions dans le réseau trophique
4 – Macrorama : Fonctions écologiques des pseudoscorpions du sol
5 – Envie d’agir ? Favoriser la présence des pseudoscorpions du sol
Qui sont les pseudoscorpions du sol ?
Ils tiennent leur nom de leur ressemblance mais aussi de leur différence avec les scorpions : “pseudo” signifie “faux”, ce qui explique leur nom commun de “faux-scorpions”, faisant référence à leur absence de queue.
Les pseudoscorpions forment un ordre (celui des Pseudoscorpionida) et font partie de la grande classe des Arachnides, au même titre que les araignées, acariens et autres scorpions. On dénombre aujourd’hui plus de 3000 espèces dans le monde, dont 760 rien qu’en Europe (en faisant ainsi le continent le plus riche en espèces de pseudoscorpions).
On les trouve partout dans le monde, des régions tempérées aux régions froides. Préférant les environnements humides, leurs habitats naturels sont le plus souvent le sol meuble, la litière, la mousse et sous les souches d’arbres, mais comme ils parcourent de longues distances en s’accrochant à d’autres animaux plus gros, on peut les retrouver jusque dans les habitations humaines. Certaines espèces se sont adaptées à d’autres types d’environnement, comme Ellingsenius indicus qui vit dans les ruches d’abeilles sociales.
Histoire des pseudoscorpions
Ces arachnides font partie des plus vieux colonisateurs de la terre ferme : on a en effet retrouvé des fossiles datant du Dévonien (il y a 390 millions d’années). Tout comme les collemboles, les pseudoscorpions retrouvés fossilisés sont étonnamment semblables à leur descendance moderne (ce qui tend à indiquer que les espèces ont eu peu besoin d’évoluer pour rester adaptées à leur environnement).
Morphologie des pseudoscorpions du sol
Mesurant entre 2 et 8 mm, les pseudoscorpions font à la fois partie de la mésofaune et de la macrofaune (la mésofaune concernant les animaux mesurant entre 0,2 et 4 mm). Comme tous les Arachnides, ils possèdent 4 paires de pattes mais ont la particularité de n’avoir que 4 ou 2 yeux simples (voire pas du tout chez certaines espèces).
Leur corps, globalement arrondi et aplati, est séparé en deux parties : une partie arrière, ne portant aucun appendice, et une partie avant, constituée d’une tête et d’un thorax, et portant divers appendices.
Les appendices particuliers du pseudoscorpion
- Les pinces ou pédipalpes : ce sont les appendices les plus remarquables du pseudoscorpion, notamment par leur taille. Elles sont constituées d’un doigt mobile, lui permettant d’attraper, et d’un doigt fixe, contentant une glande produisant du venin : celui-ci, expulsé par un orifice à l’extrémité de ce doigt, permet au pseudoscorpion d’immobiliser ses proies (à la manière de la queue du scorpion).
- Les chélicères : situées au niveau de la bouche, il s’agit d’appendices en forme de pinces. Elles sont utilisées par le pseudoscorpion pour manger, mais également pour façonner des cocons à partir de la soie qui y est secrétée. Ces cocons sont « multi-fonctions » : ils servent en effet à la mue, à l’hibernation, mais également à la reproduction.
Le cycle de vie des pseudoscorpions du sol : la nutrition
Les pseudoscorpions sont des carnivores prédateurs. Ils utilisent leurs pinces pour immobiliser leurs proies avant de leur injecter des enzymes digestives qui vont les liquéfier : leur digestion est donc partiellement externe. Ce n’est qu’une fois la liquéfaction terminée que les pseudoscorpions se nourrissent réellement : ils absorbent alors les substances prédigérées, en se servant de leurs chélicères pour déchiqueter l’exosquelette et filtrer les parties solides.
Avant d’atteindre le stade adulte, les jeunes individus passent par trois mues et doivent hiberner en hiver.
Le cycle de vie des pseudoscorpions du sol : la reproduction
Leur reproduction est sexuée, et très similaire à celle des scorpions : les mâles commencent par déposer sur le sol leur spermatophore (capsule contenant les spermatozoïdes) et utilisent ensuite leurs pinces pour y amener les femelles fécondes, au terme d’une parade nuptiale. Les femelles transportent ensuite les œufs dans une poche ventrale dans laquelle ils incuberont. Il faut noter que les pseudoscorpions se reproduisent relativement peu (une fois par an pour une douzaine d’éclosion) et ont donc une vitesse de colonisation faible.
Place des pseudoscorpions du sol dans le réseau trophique
Fonctions écologiques des pseudoscorpions du sol
Bien que très petits, leurs services écologiques sont importants, au regard de la place qu’ils occupent dans le réseau trophique :
- Régulation des populations potentiellement ravageuses : c’est leur contribution principale et elle est essentielle à l’équilibre du réseau trophique. La prédation qu’ils exercent sur les différentes espèces potentiellement ravageuses limite leur nombre et empêche leur pullulement.
- Des relations mutualistes bénéfiques : ils participent également à la bonne santé d’autres animaux plus gros. Ainsi, on retrouve des pseudoscorpions dans les élytres (les ailes) de coléoptères : ils y consomment les larves d’acariens parasites. C’est ce qu’on appelle une relation « mutualiste » : chacun des partenaires de la relation obtient des bénéfices, le pseudoscorpion profitant du couvert et du transport, tandis que le coléoptère bénéficie d’une protection contre les parasites.
Favoriser la présence des pseudoscorpions du sol
Voici quelques conseils pour pouvoir profiter des services écologiques des pseudoscorpions :
- Proscrire le labour : évoluant dans la litière et dans les sols meubles, les pseudoscorpions nécessitent un sol structuré, on évitera donc le labour et le travail du sol qui suppriment leurs micro-habitats.
- Proscrire les traitements chimiques ou biologiques : tout comme leurs proies (notamment les acariens), les pseudoscorpions y sont très sensibles. Ainsi, si l’on subit le pullulement d’une espèce potentiellement ravageuse, le recours à des traitements supprimera également leurs prédateurs naturels, ce qui assurera d’autant plus à l’espèce la possibilité de pulluler à l’avenir.
- Couvrir le sol : une couverture du sol vous permettra de créer les conditions pour accueillir les pseudoscorpions. Celle-ci conservera en effet une humidité relativement constante, paramètre nécessaire à leur installation.
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BEN BELAÏD S., Les Dossiers de Micro & Macro – Les pseudoscorpions du sol [en ligne], Chez le Père Magraine, 10/03/2018, 11/03/2018 [consulté le XX/XX/XXXX], disponible sur : https://chezleperemagraine.com/blog/micro-macro-pseudoscorpions-du-sol/
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